"Vichy - ce gouvernement de Gribouilles dont le souci de ménager
les vies françaises aboutit à accepter la honte, à participer au mal,
et à multiplier les victimes de la répression et de la guerre intérieure"


Stanley Hoffmann
Préface de "L’étrange défaite" de Marc Bloch; Editions Folio Histoire n°27


Paul BAUDOUIN (X1914, Inspecteur des Finances, mort le 10/02/1964); homme de confiance de Paul Reynaud, il rentre comme Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères le 6/6/40 dans le gouvernement Reynaud; puis il se sépare progressivement de ce dernier en prenant position pour l’armistice; Ministre des Affaires Etrangères de Pétain (16/6/40-29/10/1940), il transmet le 16/6/1940 la demande des conditions de la paix aux Allemands; n'est plus Ministre des Affaires Etrangères le 29/10/1940, reste cependant Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil (membre du Gouvernement);participe à la révolution de palais de décembre 1940 qui conduit au renversement de Laval; devient Ministre de l'Information de manière éphémère de décembre 1940 au 2/1/41 .Mettant en oeuvre ses idées d’avant-guerre, Baudouin joue un rôle
important, comme d’autres polytechniciens (Borotra , Général de la Porte du Theil ,...) dans la politique de Vichy pour la jeunesse et la formation (Chantiers de Jeunesse, Ecole des cadres d’Uriage,...). Président de la Banque d'Indochine de 1941 à 1944, révoqué en 1944. A écrit en 1947 un livre d'autojustification, intitulé "Neuf mois au Gouvernement".
Condammné après la Libération par la Haute Cour de Justice le 3/03/1947 à cinq ans de travaux forcés, à la dégradation nationale à vie et à la confiscation de ses biens, peine commuée en 1949 en cinq ans d'indignité nationale.

Jean BERTHELOT, (X 1919s, major Corps des Mines, mort le 13/12/1985) ; en 1931 à la Compagnie des Chemins de fer d'Orléans ; en 1938 directeur de cabinet d'Anatole de Monzie Ministre des Travaux Publics, simultanément en juillet 1939 directeur général adjoint de la SNCF. Berthelot siège à la Commission d'armistice de Wiesbaden à partir du 25 juin 1940 ; est nommé secrétaire d'Etat aux Transports et aux Communications le 7 septembre 1940; en tant que Secrétaire d’Etat aux Transports, il inspecte en Algérie les travaux de la voie ferrée Méditerranée-Niger ; voir son discours très politique du 21 août 1941; technicien actif de la collaboration d’après (24) ; n’est pas reconduit dans ses fonctions au changement de
gouvernement le 17 avril 1942, est remplacé par Robert Gibrat (X22, ingénieur des Mines) ; repart à la SNCF auprès de son directeur général Le Besnerais (X1912). A écrit en 1968 un livre "Sur les Rails du Pouvoir", voir bibliographie.
A la Libération la Haute Cour de Justice le condamna par arrêt du 10 juillet 1946 à deux ans de détention.

Lire un extrait du discours du 21 août 1941 de Jean Berthelot

Jean BICHELONNE (1904- mort en Allemagne le 22/12/1944) (X 1923; major de sa promotion; Ingénieur au Corps des Mines); avant-guerre professeur de sidérurgie à l'Ecole des Mines de Paris, puis directeur général des aciéries de Senelle-Maubeuge suite à son mariage en 1934 avec la fille de l'Administrateur Délégué, Raymonde Dondelinger; directeur de cabinet du Ministre de l'Armement Raoul Dautry (X1900) du 13/9/1939 au 16/6/1940 pendant le gouvernement Reynaud; membre de la délégation de la commission d'armistice à Wiesbaden fin juin 1940; un des deux secrétaires généraux au Ministère de la Production industrielle, (Belin, Pucheu, puis Lehideux étant ministres); Ministre de la Production Industrielle en février 1942; rencontre le ministre allemand Speer en septembre 1943, Bichelonne étant un adepte de l'intégration
économique franco-allemande; accepte en novembre 1943 de remplacer Lagardelle au Ministère du Travail; participe à partir de février 1943 à l'organisation du STO, en est pleinement responsable en tant que Ministre du Travail; à propos du débarquement allié en Algérie dit à Berthelot que les Allemands vaincront en Afrique; s'enfuit avec Pétain en Allemagne à la Libération; jugé le 5/09/1945 par la Haute Cour, mort avant le jugement dans un hôpital SS à Berlin ; signataire de la déclaration pro-allemande du 5/7/1944, dénonçant la "politique de lâchage des intérêts allemands menée par Pétain et Laval"...
La Haute Cour de Justice examina son dossier le 5 septembre 1945 et constata "Mort avant le jugement"


Robert GIBRAT (X 1922, major, Corps des Mines, mort le 13/05/1980); membre du groupe de réflexion "Ordre Nouveau" dans le début des années 30 avec Jean Jardin, qui sera directeur de cabinet de Laval; à l'automne 1940 Directeur de l'électricité au Ministère de la Production Industrielle; Secrétaire d'Etat aux Communications dans le nouveau Gouvernement Laval en remplacement de Jean Berthelot (cf. ce nom ci-dessus) le 16 avril 1942; démissionne au retour de Laval en novembre 1942 mais ne passe pas à la dissidence; en inspection sur les travaux du Méditerranée-Niger au moment du débarquement des Alliés en Algérie, rentre à Vichy par loyauté envers le Maréchal.
Condamné à dix ans de dégradation nationale le 12/03/1946 par la Haute Cour, après un an passé en prison à Fresnes.