Lorsque
le Maréchal Pétain, dernier Président du conseil
de la 3ème République, demande larmistice, la population
française est anesthésiée et se demande ce qui
lui arrive.
Lappel du 18 juin 1940 du Général DE GAULLE
à poursuivre la lutte auprès de nos alliés na
que très peu de résonance. Seules quelques dizaines dhommes
parviennent à quitter le territoire et à rejoindre lAngleterre.
Parmi eux, plusieurs élèves de lX partis dès
le 16 juin...
Des
conditions darmistice et de la remise à Pétain
de tous les pouvoirs (hormis celui de déclarer formellement
la guerre), la très grande majorité des français
ne retient que la fin des combats, le maintien de lEmpire, lespoir
du proche retour des prisonniers et lillusion dune zone dite
libre soustraite à loccupation allemande.
La plupart des français (dont des millions de réfugiés
qui regagnent leur ville ou village) créditent le nouveau régime,
lEtat Français, de la remise en marche du pays : les fonctionnaires
comme les commerçants, les services et les agriculteurs sont à
leur poste, à leur étal, à leur établi ou
leur charrue. Ou presque. Car la France nexiste plus en tant
que grande puissance. Deux millions de jeunes hommes sont prisonniers.
La quasi totalité de la flotte devient neutre - partout
dans le monde - sans combattre et sans envisager de combattre un jour.
Mais à qui la faute ? Et puis quespérer puisque lAngleterre
ne peut quêtre envahie? Qui connait le lourd tribut que Vichy
soblige à verser quotidiennement ? Qui sait que presque toutes
nos armes sont remises intactes à lennemi, ou que lagriculture,
les moyens de transport, lessentiel de la production industrielle
sont de fait mis à la disposition de lAllemagne ? Combien,
début octobre 1940, se sont indignés des mesures racistes
?
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Mais
en cet automne, lAngleterre a tenu, gagné la bataille aérienne.
Les FFL et le mythique DE GAULLE saffirment, sans quon
se fasse trop dillusions sur la proximité de la Libération.
Mais en écho à lappel à la résistance
soppose désormais un vocable que les français vont
peu à peu honnir, la collaboration, encore que
certains y verront pour un temps une subtile habileté du Maréchal.
Alors, tandis que dans le Sahara combattent les premières compagnies
du sursaut, des français supportent de moins en moins lassujettissement
qui a nom la relève, le STO, la milice, les arrestations, les fusillades.
Partout, et souvent dans le désordre, la Résistance prend
corps qui progressivement dune part nourrira les forces armées
extérieures et dautre part quadrillera le pays de réseaux,
de mouvements, de maquis, contribuant à la Libération avant
de se fondre dans les unités qui envahiront en 1945 lAllemagne,
jusquà Berchtesgaden.
Pendant
quatre ans, des anciens élèves et élèves
de lX seront présents dans toutes les unités de
terre, de mer et dair des FFL et FFC, et dans les organisations
qui sopposent au régime de Vichy, transmettant par milliers
des informations à Londres puis à Alger, encadrant les maquis
que le STO multiplie, sabotant lappareil de production et de transport,
harcelant et retardant de puissantes unités blindées ennemies,
pour aider à la Libération.
Au delà de lhommage quil était de notre devoir
de rendre à tous - même implicitement -, nous souhaiterions
que de cette période noire et glorieuse de notre histoire vous
gardiez le souvenir dau moins deux photographies qui encadrent cette
évocation :
>
la photo des quelques dizaines de soldats (dont plusieurs élèves
de lX) défilant à Londres le 14 juillet 1940 devant
le général de Gaulle ;
>
la photo de la reddition inconditionnelle de lAllemagne,
le 8 mai 1945, où la France était représentée
par le général de Lattre de Tassigny.
Deux événements qui pour nous jalonnent la mémoire
des polytechniciens torturés, déportés, fusillés
ou morts au combat pour que revive
la France : 378 polytechniciens sont morts pour la France durant les hostilités
de 1940-1945, 127 avant larmistice de juin 1940 et 251 après
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