Dès la création de l’État français, des mouvements de résistance apparaissent, avec des objectifs et des conditions de fonctionnement évidemment différents selon qu’ils agissent en zone occupée ou en zone “libre”. L’objectif initial commun est d’insuffler à la population un esprit de résistance à l’occupant ou au gouvernement de Vichy, par le moyen de tracts et de journaux.

Des polytechniciens, en particulier sortant de leur Ecole “repliée” à Lyon, centre important de la Résistance intérieure, rejoignent les trois principaux mouvements de la zone sud, “Combat”, “Libération” et “Franc-Tireur”, fondés et dirigés respectivement par H. Frenay, E. d’Astier et J.-P. Lévy.
Le livre “L’esprit de Résistance” de Serge RAVANEL (X1939) montre l’évolution de ces mouvements vers un regroupement au sein des M.U.R. (Mouvements Unis de Résistance), dont le volet militaire est l’Armée Secrète (A.S.). Apparaît aussi leur rôle dans la création, l’armement et le fonctionnement des maquis, et finalement dans les actions militaires des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.). RAVANEL croise des polytechniciens de tous âges, retrouve des camarades de promotions voisines, dont il ne soupçonnait pas le rôle. Il rejoint Jacques BRUNSCHWIG-BORDIER (X1924) à “Libération-Sud”.
Il retrouve dans une réunion clandestine Francis BIESEL (X1940) et René VIGNERON (X1940), avec qui il est arrêté par la gendarmerie allemande. VIGNERON, déporté, meurt au camp de Dora.
Ravanel est, dans son action, proche de MORIN-FORESTIER (X1930), chef d’état-major de l’Armée Secrète qui a monté à Londres une délégation des mouvements de résistance.
Alors qu’à la Libération Ravanel commande les F.F.I. de la région de Toulouse - avec sous ses ordres directs Jean de BERMOND DE VAULX (X1919N), chef régional de l’O.R.A., symbole d’une unité difficilement créée mais solide de la Résistance, et d’une coopération qualifiée d’“enrichissante” par RAVANEL -, son ami Robert ROSSI (X1933) joue le même rôle à Marseille, où il est arrêté par la Gestapo, torturé, et fusillé le 19 juillet 1944.
Parmi les victimes des attaques allemandes contre les maquis on relève entre autres les jeunes polytechniciens Claude FALCK (X1938), tué dans le Vercors, Gilbert BLOCH (X1939), mort dans le Tarn dans le maquis des Éclaireurs Israélites de France.
Parmi les hauts responsables des F.F.I. on trouve aussi Pierre PENE (X1920) dans le Nord, où il a rejoint l’Organisation Civile et Militaire (O.C.M.). C’est avec la section “jeunes” de l’O.C.M. que, comme l’a raconté François du CASTEL (X1943), les élèves de l’École (réinstallée à Paris) désireux de “faire de la Résistance” ont eu des contacts : il s’agit notamment d’André PERRIER et de Henri LEROGNON (tous deux X1939). Mais, après leurs arrestations successives, le contact n’a pas pu être repris.Tous deux appartenaient au groupe de l’OCM encadrant les étudiants, que dirigeait Georges Thierry d’ARGENLIEU (X1939), mort des suites de sa déportation.

Henri ZIEGLER (1906-1998, X1926), ingénieur du Corps de l’Aéronautique, est depuis décembre 1939 aux Etats-Unis responsable d’un programme d’achat d’avions et de moteurs pour l’Armée ; en juin 1940 les commandes non livrées sont transférées en Grande-Bretagne. De retour en France, il participe à partir de janvier 1941, sous couvert de postes administratifs, à plusieurs organisations de Résistance, intégrant aux F.F.I. des éléments issus de l’armée de l’air. En avril 1944, sous le nom de Colonel Vernon, il est nommé chef d’État-major des F.F.I. auprès du Général Koenig (cf. organigramme).

Jean-Guy Bernard (X1938)
Un parcours multiple dans la résistance

Né en 1917, fils d’officier, il fut reçu en 1938 à l’X. Passionné d’aviation, il demande à servir en 1939 dans l’aviation de chasse. Il est l’un des rares aviateurs à avoir bombardé Berlin en 1940. Mais l’armistice intervint à la fin de sa formation. A Lyon, où il fait sa seconde année d’études, il organise avec des camarades (dont André BOLLIER) un groupe de résistance et entra (de même que sa soeur) au mouvement Combat. Il s’y consacre entièrement à sa sortie de l’École, avec un emploi fictif comme “couverture”.
Bras droit d’Henri FRENAY, sous le pseudonyme de Thélis, il assure la liaison entre le mouvement et les chefs régionaux, met sur pied en 1941 l’organisation du mouvement dans la région de Sète et de Toulouse, est chargé de mission auprès de Jean Moulin, remet de l’ordre en 1943 dans la région de Montpellier, désorganisée par des arrestations et des rivalités personnelles. Il fait preuve, dans ces missions délicates, d’une grande énergie et d’un sens aigu du commandement. Il organise en zone Nord le NAP (Noyautage des Administrations Publiques), réseau créé au sein de Combat par Claude BOURDET, et à ce titre est en rapport avec les chefs de grandes administrations, et notamment avec Louis ARMAND (X1924) et Albert GUERVILLE (X1925) pour la SNCF, en vue de l’élaboration d’un plan de sabotage des chemins de fer. Il assure en 1943 la direction du réseau Cohors-Asturie (affilié à Libération-Sud et Nord et fondé par Marcel FERRIÈRES (X1916), son épouse et Jean CAVAILLES), pour lequel travailla également Robert BLANCHERIE (X1921).
Le 30 janvier 1944, il est lui-même arrêté à Paris, ainsi que sa jeune femme, adjointe de Bertie ALBRECHT au service social du mouvement Combat, puis de MUR. Interné à Fresnes jusqu’en juillet, il est transféré à Drancy, puis déporté le 31 juillet. Sa famille a su qu’il fut assassiné avant même d’arriver en Allemagne. Une stèle rappelle le souvenir de Jean-Guy BERNARD dans le bureau qu’occupa Louis ARMAND à la SNCF.